6 mauvaises raisons de s’associer

6 mauvaises raisons de s’associer

Chez mes clients, je vois souvent deux écoles : ceux qui veulent rester indépendants à tout prix, et ceux qui ne conçoivent pas d’entreprendre seul !

C’est tout aussi dogmatique dans un cas que dans l’autre.

Il est impératif de poser le bénéfice / risque d’une association en amont pour éviter des

conflits d’associés destructeurs par la suite. Voici 6 erreurs classiques dans la décision d’association.

1.L’association comme une reconnaissance

Souvent présentée comme l’ultime récompense pour les hommes clefs les plus méritants dans le schéma social des années 80, c’est une idée risquée pour les salariés et pour l’entreprise.

Ne faites pas l’erreur de croire que ce qui est important pour vous l’est aussi pour les autres. Votre entreprise, c’est votre bébé, vous l’avez construit des années durant. Vous avez risqué votre patrimoine pour la bâtir et mis de côté votre vie de famille. C’est vrai. Mais cette valeur affective ne doit pas rentrer en ligne de compte.

Si vous avez un salarié particulièrement méritant dans votre entreprise et que vous souhaitez pérenniser son engagement, il existe bien d’autres façons de le faire :

  • adapter ses horaires,
  • lui mettre à disposition une voiture de fonction de meilleure gamme,
  • augmenter son salaire,
  • mettre en place l’intéressement,
  • favoriser le home-office…

Est-ce que le salarié veut devenir associé ? Qu’est-ce que l’association va lui apporter ? Qu’apportera-t-il en tant qu’associé ? Est-il prêt à prendre des risques ? S’il faut apporter 100 000 € en compte courant d’associé et qu’il a 10% des parts, apportera-t-il 10 000 € et comment ?

2. L’association pour empêcher un salarié de partir

Encore pire que la première mauvaise raison.

Le salarié menace de partir si vous ne l’associez pas (rien de tel que le chantage pour asseoir une association forte), ou a accepté un autre travail et vous voulez le retenir.

La première question est de savoir pourquoi il part. Ça ne veut pas dire qu’il faudra toujours refuser d’en parler mais ça part plutôt mal !

Si le salarié n’est pas heureux dans l’entreprise aujourd’hui, pourquoi le serait-il demain ? Que lui manque-t-il ? La plupart du temps, ce ne sont pas des parts sociales.

3. L’association avec les associés actuels avec qui ça bien marché sur un précédent projet

C’est un grand classique des conflits d’associés qui est particulièrement destructeur.

Ce n’est pas parce qu’un premier projet a bien fonctionné avec un associé qu’il faut absolument l’associer dans les projets suivants.

Ne faites pas l’erreur de dupliquer la construction d’un projet : chaque projet doit être considéré indépendamment des autres. Les performances passées ne présument pas des performances futures. Les envies passées ne présument pas plus des envies futures.

Le fait que vous ayez validé un associé par une réussite passée est un élément valorisant dans son profil d’investisseur potentiel mais n’est pas un sésame absolu.

Une association, comme un mariage, doit être nourrie.

4. L’association pour ne pas être seul

Pour lutter contre l’isolement et chercher du soutien, mariez-vous ou adoptez un chien.

Vous pouvez aussi rejoindre des associations de dirigeants comme le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprises (CJD). Vous pouvez aussi faire appel à des consultants (comme nous !) pour vous aider à prendre les décisions importantes.

S’associer à quelqu’un pour ne pas être seul ne doit jamais être le seul moteur d’une association. Le jour où l’un des deux ne sera plus seul, il n’aura plus besoin de son associé et les problèmes commenceront.

5. L’association parce qu’on n’a pas les fonds pour se lancer

Si vous n’avez pas les fonds pour vous lancer et qu’aucun investisseur ne veut vous suivre, c’est que votre projet n’est pas suffisamment viable ou que vous l’avez mal présenté.

Si vous avez un bon projet, vous lèverez l’argent, même si ce sont de grosses sommes. Si vous n’avez pas un bon projet, vous ne lèverez pas l’argent, même pour de petites sommes.

Les banques sont ce qu’elles sont. Elles refuseront de prendre des risques si vous n’avez la profondeur financière pour les garantir. Dans ce cas, une association temporaire peut être une solution (capital risque). Et il n’y a pas que les banques dans la vie : des cabinets se spécialisent dans la dette obligataire pour des projets plus modestes (auparavant, c’était réservé aux grosses levées de fonds).

Cela mérite de se poser la question a minima.

6. L’association parce que c’est mon fils ou ma fille

Sujet très courant et toujours très complexe à gérer.

J’ai déjà beaucoup écrit sur le sujet des entreprises familiales (voir les 70 articles LinkedIn précédents, notamment les 50 épisodes de ma websérie littéraire).

Transmettre l’entreprise à ses enfants a des avantages : c’est une façon (mais pas la seule) de transmettre le patrimoine de la famille, cela limite le poids de la dette senior sur la capacité d’investissement de l’entreprise qui n’aura pas à consacrer toute sa profitabilité au remboursement de la dette senior, et enfin, cela permet de faire une transmission plus douce (ce qui n’est pas toujours une bonne chose).

Mais c’est également porteur de risques : l’entreprise devient un bijou de famille porteur d’un poids émotionnel fort qui deviendra un biais dans les décisions, notamment en cas de difficultés (la décision de vendre ou de fermer l’entreprise n’est plus prise uniquement sur des critères rationnels). Le gamin n’aura pas forcément la force de dire “non” à ses parents quant à la reprise de la boite si elle se transmet de génération en génération, créant des risques entrepreneuriaux majeurs et des situations personnelles destructrices.

Et enfin, votre enfant n’est pas forcément le meilleur candidat pour le poste.

Une fois de plus, et dans ce cas encore plus que dans l’autres, la transmission aux enfants doit être mûrement réfléchie et accompagnée.

L’association est une belle aventure humaine. Mais une association ratée est un calvaire sans nom.

Nos séminaires stratégies, construits avec des formules adaptées en terme de contenu et de coût pour les TPE sont l’occasion de prendre le temps d’aborder toutes ces questions.

www.optimus-experts.com

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